L’année dernière, j’ai reçu un jeune de 13 ans avec ses parents. Le motif de la consultation était la détresse de ce jeune suite à des moqueries permanentes de certains élèves de sa classe, à des petites vexations récurrentes, à des critiques humiliantes, voire à des injures. Ce que vivait ce jeune s’appelle du harcèlement. Les situations de harcèlement se sont multipliées ces dernières années, dans les milieux scolaires et professionnels, à tel point qu’un article de loi est sorti en aout 2014 et stipulait que « Le fait de harceler une personne par des propos ou comportements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de vie se traduisant par une altération de sa santé physique ou mentale est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 € d’amende (lorsque ces faits ont causé une incapacité totale de travail inférieure ou égale à huit jours ou n’ont entraîné aucune incapacité de travail)». En 2016, un autre article de loi est sorti condamnant le cyber-harcèlement(par les réseaux sociaux comme facebook, instagram, snapshat), c’est-à-dire la diffusion d’images de personnes dans des situations ou des positions humiliantes ou encore d’images présentant un caractère sexuel, sans l’accord de la personne concernée.
Comment repérer que son enfant est harcelé à l’école? En constatant un peu les même signes que j’avais déjà évoqués dans ma chronique sur « comment sentir et réagir quand son enfant va mal à l’école » ; tristesse, apathie, mutisme, agressivité soudaine, discours très dévalorisant sur ses profs et l’école, démotivation, tics…
Beaucoup de campagnes ont été réalisées pour lutter contre le harcèlement, les responsables d’établissements sont de plus en plus avertis et donc sensibles à ce problème. Aussi les conseillères conjugales et familiales que nous sommes sont souvent appelées pour intervenir auprès des élèves pour faire de la prévention contre le harcèlement. En parlant de harcèlement aux élèves nous ne cherchons pas à faire peur mais à parler de la réalité avec des exemples qui présentent des situations qui ont existé. Nous leur montrons aussi des vidéos avec des cas concrets pour les faire réagir et ensuite les faire réfléchir sur « qu’est-ce qu’on en fait de cette réalité ? L’objectif de ces séances est de leur faire prendre conscience des mécanismes dus au harcèlement, et de développer la notion de respect. Il est important aussi de leur faire faire la différence entre des situations banales et des véritables harcèlements. Dans une situation de harcèlement, il y a trois groupes : la victime, le ou les agresseurs, les spectateurs. C’est une relation triangulaire qui peut être modifiée en changeant les places et ainsi casser le système de harcèlement. On fait comprendre aux élèves que chacun peut changer les choses en intervenant ou en ne donnant pas la vedette aux agresseurs par exemple.
Si un jeune est harcelé, lui ou ses parents ont plusieurs recours. D’abord, prévenir le responsable d’établissement et les professeurs. Ensuite, il existe un numéro vert, le 3020 dédié aux problèmes de harcèlement. On peut trouver une liste de 10 conseils sur le site du gouvernement www.agircontreleharcelementalecole.gouv.fr. Mais évidemment le plus important reste la communication, la parole et l’écoute entre le jeune et ses parents. Les parents sont les premiers éducateurs et par conséquent ce sont aussi les premiers interlocuteurs de leurs enfants qu’ils doivent protéger et soutenir. En écoutant leur enfant qui subit un harcèlement, ils l’aident à dire ses ressentis, poser des mots sur ses blessures.