Quel parent n’a pas vu son enfant rentrer de l’école et jeter bruyamment son cartable par terre en poussant de profonds soupirs ?
Quel parent n’a pas vu son ado rentrer de ses cours aller directement dans sa chambre et claquer violemment sa porte au point de faire trembler toute la maison ?
Les enfants sont souvent comme des livres ouverts que les parents n’arrivent pas toujours à lire. Les enfants communiquent plus par le non-verbal que par le verbal, c’est-à-dire qu’ils manifestent des signes plus qu’ils ne parlent. Les signes sont multiples :
- Signes négatifs : tristesse, apathie, mutisme, agressivité soudaine, discours très dévalorisant sur ses profs et l’école, démotivation, tics… et tant d’autres.
- Signes positifs : rire, sourire, air détendu, bon sommeil, bavardage à table…
Pour sentir quand son enfant va mal à l’école, il serait bon avant, de savoir quand il va bien à l’école. Un enfant montrera ou manifestera plus facilement quand il va mal s’il sait que ses parents lui ont reflété régulièrement qu’il allait bien. Ce que je voudrais faire comprendre aux parents, c’est qu’ils doivent d’abord prendre l’habitude de décrypter que leur enfant va bien avant de pouvoir facilement décrypter qu’il va mal. Comment ? Par exemple, le soir, au lieu de poser les questions « qu’est-ce que tu as eu comme note aujourd’hui ? » ou « qu’est-ce que tu as mangé à la cantine ? », un parent peut demander à son enfant « quel a été le moment le plus agréable de ta journée ? » ou « de quoi es-tu fier aujourd’hui ? » ou » tu as l’air content ce soir, tu me racontes… ? ». L’enfant a besoin d’une écoute attentive de ses parents ainsi que de leur présence.
Donc plus les parents écoutent régulièrement leurs enfants, plus ils sentiront facilement quand ils vont mal à l’école.
Et, plus les parents réagissent vite, plus l’enfant sera pris en charge vite. Les enfants savent dire, à leur manière, quand ils ne vont pas bien. Et ils sont plein de ressources pour bien rebondir et guérir… si les parents sont là pour les aider.
Les raisons d’aller mal à l’école sont nombreuses et complexes : harcèlement, racket, mauvaises notes, exclusion, phobie scolaire…et chacune de ces raisons pourraient d’ailleurs faire l’objet d’une émission à part entière. Comment peuvent réagir les parents, une fois qu’ils ont senti un problème ? Tout d’abord en restant calme et serein. Il est bien connu que la colère ou la peur sont mauvaises conseillères. Si les parents s’affolent vite, leur attitude risque d’angoisser leur enfant plutôt que de l’aider. Ensuite, les parents ne doivent pas rester seuls devant ce problème ; il existe plusieurs personnes pouvant les orienter et les soutenir pour aider leur enfant : le directeur de l’établissement, les CPE, l’infirmière scolaire, certains professeurs et à l’extérieur de l’école un pédo-psychiatre, une CCF, leur médecin généraliste, la MDA (maison des ados) présente dans beaucoup de départements, le CMP (centre médico-psychologique)… Ce qui me parait le plus important est que les parents montrent à leur enfant qui va mal qu’ils se soucient de lui, qu’ils se battront jusqu’au bout pour lui, qu’ils sont là pour le protéger.
Je voudrais finir en citant le Père Denis Sonnet, auteur de beaucoup d’ouvrages passionnants au CLER. A la fin de son petit ouvrage « Eduquons nos parents », il fait dire à son héros, un petit garçon prénommé Richard : « Vous comprenez maintenant pourquoi je m’appelle Richard… je suis riche de tellement de promesses… j’ai 100 fois plus de semences que mes parents ne soupçonnent et 20 fois plus qu’il n’en faut : ma vie sera trop courte pour les développer toutes !